« C’est un beau projet qui va s’intégrer dans ce quartier » : le nouvel abri de jour et de nuit de Mouscron fait débat au conseil communal

« C’est un beau projet qui va s’intégrer dans ce quartier » : le nouvel abri de jour et de nuit de Mouscron fait débat au conseil communal

L’opposition a vivement interpellé la majorité sur la gestion de l’accueil des sans-abris à Mouscron, dénonçant des nuits passées dehors début avril et un manque de transparence dans l’acquisition d’un nouveau bâtiment.

Lors du conseil communal de ce lundi soir à Mouscron, la question de l'accueil des personnes sans domicile fixe s'est invitée dans les débats, portée par plusieurs conseillers de l'opposition. En cause: la fermeture temporaire de l'abri de nuit début avril et la récente acquisition d'un bâtiment pour accueillir un nouveau centre d'hébergement.

Abdel Benyacoub (PTB) a ouvert les débats : "Début avril, une vingtaine de sans-abris ont dû dormir dehors à Mouscron. C'est inacceptable. On ne veut pas tirer sur l'ambulance, on sait que les travailleurs font un boulot difficile, mais pourquoi la Ville ne donne-t-elle pas plus de dignité à ces personnes ?" Le conseiller a aussi pointé l'intervention de citoyens qui ont dû amener des couvertures pour pallier les manques.

Pascal Loosvelt (Chez Nous) s'est quant à lui interrogé sur les montants engagés, la pétition lancée par des riverains et le contenu du projet. Roger Rousmans (PS) a dénoncé le manque de concertation : "Nous avons appris l'achat du bâtiment par la presse. Vous avez notre soutien pour garantir un accueil digne, mais nous regrettons la méthode. C'est le même scénario qu'à la chaussée du Risquons-Tout."

Une fermeture difficile mais préparée, selon la majorité

Face à ces critiques, Anne-Sophie Rogghe (Ecolo), échevine des affaires sociales, a tenu à rappeler les efforts menés tout au long de l'hiver. L'abri de nuit a fonctionné du 1er novembre au 31 mars, totalisant 1616 nuitées. À partir de décembre, les conditions d'accès ont été assouplies, ne dépendant plus de la température extérieure.

"Nous avons dû fermer l'abri de nuit pendant 7 nuits. J'aurais préféré éviter, mais cela a permis de souffler, nettoyer, réparer. Nous avons anticipé, informé, distribué des packs et laissé les douches accessibles durant certaines périodes à la Maison de la santé. Certains ont trouvé des solutions, mais c'est vrai qu'entre 8 et 12 personnes se sont retrouvées à la rue. C'est toujours trop, mais ce ne sont pas 20 personnes", a-t-elle précisé.

Un nouveau bâtiment en vue, mais des tensions dans le quartier

Sur la question du nouveau bâtiment, l'échevine a défendu un projet en gestation depuis plusieurs mois. Situé non loin du centre, le lieu répond à de nombreux critères pratiques : accessibilité, cour intérieure, possibilité d'accueil familial, et intégration prévue d'un local associatif. "Ce projet est pensé pour être intégré dans le quartier. Naïvement peut-être, je pense que c'est possible." Comme nous vous l'indiquions début avril, la nouvelle crèche sera quant à elle située à l'arrière du site.

Situés à l'angle des rues de Roubaix et du Dr Roux, deux bâtiments vétustes ont donc été acquis par la ville de Mouscron. Le numéro 342 est acheté pour 150.000 euros, tandis que le 344 coûtera 430.000 euros, subsidiés à 80% via la PIV. Enfin, 433.000 euros sont dans un premier temps prévus pour rénover les deux bâtiments.

Mais l'initiative ne fait pas l'unanimité dans le voisinage. Une pétition circule et plusieurs habitants s'opposent à l'implantation. La bourgmestre Ann Cloet (Les Engagés) assume la discrétion autour du projet : "Contrairement aux tentatives précédentes, je voulais mener celui-ci à terme sans pressions. J'ai répondu à la presse quand elle m'a interrogée en janvier, puis j'ai laissé avancer le dossier." Une réunion avec les riverains et les élus est prévue dans les prochaines semaines.


T.D.